Xtreme: Yann Rausis et Elisabeth Gerritzen face au mythe du Bec des Rosses

 

Par Johan Tachet

Freeride World Tour : Le Bec des Rosses de Verbier sera le théâtre ce week-end des finales du Freeride World Tour dans lesquelles sont engagés les deux Romands Yann Rausis et Elisabeth Gerritzen. Entre excitation et appréhension.

Dans le décor de Verbier se dresse ce monstre de roche et de poudre à la déclivité vertigineuse: le Bec des Rosses. Plus qu’une montagne, une légende qui n’a pas sa pareille sur le circuit du Freeride World Tour. Aussi appréciée que redoutée, la face de l’Xtreme incarne le mythe absolu que tout freerider rêve d’épingler à son palmarès. «Il y a une véritable histoire de plus de vingt ans. Lorsqu’on regarde les pionniers la rider, c’est impressionnant. C’est la plus belle et la plus difficile face de l’année, celle où l’on célèbre le freeride», confie le skieur valaisan Yann Rausis (24 ans).

Pour dompter ce Bec, il faut du courage et de l’abnégation. «Avant la compétition, il existe ce sentiment d’excitation dans lequel se mêlent réjouissance et appréhension», poursuit le rider d’Orsières. La peur? Elle est permanente et inscrite au fond de chaque athlète qui ose le dévaler skis ou snowboard aux pieds. «Elle est nécessaire pour influencer tes choix selon les conditions et ce que tu es capable de faire.» Dans certaines portions aussi rocailleuses qu’abruptes, la moindre erreur peut coûter cher.

La connaissance du terrain en atout

Dès lors, le rituel de préparation est plus «important qu’ailleurs», tout en essayant de ne pas se laisser submerger par les émotions. «Chaque face est appréhendée différemment mais il est indispensable de garder la même attitude. A Verbier, plus qu’ailleurs, il faut tenter de démythifier cette montagne, de la regarder telle qu’elle est pour l’analyser froidement.»

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En tant que local de l’étape, Yann Rausis possède l’avantage de connaître le Bec. «Je peux m’y sentir plus à l’aise que d’autres.» Toujours est-il que l’actuel 6e du général du Freeride World Tour devrait s’y élancer pour la première fois en compétition depuis son sommet. L’année dernière, la partie en amont du Bec avait été fermée pour des raisons de sécurité et les riders s’étaient élancés de l’épaule. «Même si je l’avais ouvert depuis le sommet il y a deux ans, les sensations seront totalement différentes en mode course. Ce départ reste impressionnant et vertigineux.»

Une première pour Elisabeth Gerritzen

Si Yann Rausis dévalera le Bec des Rosses pour la deuxième fois en compétition, Elisabeth Gerritzen (22 ans) y fêtera son baptême du feu. «Petite, c’était un rêve inatteignable, comme gagner au loto», sourit la jeune skieuse vaudoise de Verbier qui aborde cette première sereinement. «Normalement, je suis assez stressée, mais là je me réjouis d’y être. Je veux faire le show.»  Comme son acolyte, elle connaît parfaitement la face pour l’avoir descendue plusieurs fois pour le plaisir. «Ça enlève peut-être un peu du mythe de l’avoir déjà fait, mais cette montagne est au freeride ce que le Vatican est au catholicisme», image-t-elle.

Malgré le respect qu’impose la célèbre face bagnarde, les deux riders suisses l’affrontent avec des ambitions. «J’aimerais essayer quelque chose de nouveau», reprend Yann Rausis, 4e l’hiver dernier. «Tout dépendra du repérage, mais je souhaiterais proposer un ski complet, fluide et original.» Actuelle cinquième du général, Elisabeth Gerritzen touche du bois. «Je n’aime pas évoquer des objectifs précis, mais je ne suis pas là pour faire 6e», avance-t-elle en songeant au podium.

L’attaque reste naturellement le meilleur moyen pour maîtriser toute appréhension face au mythe.