Xtreme: Yann Rausis assure le show en ouvrant un nouveau saut

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Freeride World Tour Le skieur d’Orsières a pris des risques lors de l’Xtreme de Verbier disputé lundi en sautant une énorme barre rocheuse inédite. Malheureusement, une mauvaise réception l’empêche de grimper sur le podium.

Du sommet du Bec des Rosses, Yann Rausis ne se pose pas de question. Il laisse filer les skis dans le couloir du Dog leg où la pente flirte avec les 55 degrés. Après une première barre rocheuse franchie avec vitesse, style et fluidité, le skieur d’Orsières attaque, presque à l’aveugle, un nouveau pan rocheux encore jamais sauté sur l’Xtreme, faute de neige lors des éditions précédentes. Entre les roches saillantes, Yann Rausis décolle. Le saut est monstrueux, plus de trente mètres de long, l’atterrissage dans la poudre se fait malheureusement un peu sur l’arrière. Une petite faute qui lui coûtera une dizaine de points selon son propre aveu et, donc, la victoire sur l’Xtreme de Verbier.

Qu’importe, le rider valaisan, cinquième au final, jubile. «Je fais abstraction du résultat car j’ai réalisé ce que je souhaitais. Après c’était quitte ou double.» Sur la face la plus escarpée et difficile de la saison, il a osé prendre une ligne inédite. Une ligne qu’il avait minutieusement analysée des heures durant les jours précédant la compétition. Pourtant, lundi matin, avant d’entreprendre l’ascension du Bec des Rosses, rien n’était certain dans la tête de Yann Rausis qui avait très mal dormi. «J’avais décidé de ne plus sauter cette barre rocheuse. Puis arrivé au sommet, j’ai vu que l’angle du saut était jouable, qu’il fallait simplement l’aborder avec assez de vitesse. Certes c’était compliqué, mais dans mes cordes.»

Une barre au nom de Rausis?

Avant de défraîchir ce pan de montagne, la peur avait remplacé le sentiment de plaisir. «Dès que j’ai remarqué que j’étais dans la bonne trajectoire, j’ai à nouveau pu profiter.» La réception légèrement sur le dos est dès lors anecdotique pour Yann Rausis qui a ouvert une nouvelle voie sur un Bec des Rosses qui réserve toujours des surprises. «Peut-être que j’aurai droit à une barre à mon nom», sourit le Valaisan qui s’offrirait un bout d’histoire sur cette montagne de légende dont certains passages portent déjà les noms de riders comme Gilles Voirol, Raine Barkered, Xavier de le Rue ou encore Seb Michaud.

Une saison réussie conclue au 5e rang

Au final, Yann Rausis échoue à 1,87 points du podium d’une compétition qui n’a que rarement été aussi relevée. Il réalise son deuxième meilleur résultat de la saison après son podium lors de la seconde étape de Kicking Horse Golden pour se classer 5e du classement général. «J’évolue et j’engrange de l’expérience», analyse-t-il, même si les résultats ne sont pas à la hauteur de ses attentes pour son second hiver sur le circuit. «Je me suis beaucoup testé en compétition: voir ce qui était possible, ce que j’arrivais à faire en me comparant à mes adversaires sans skier toutefois en fonction d’eux.» Le timide Yann Rausis, si expressif sur les skis, y trouve petit à petit son propre style, entre fluidité et originalité, en teintant son freeride de freestyle.

L’année prochaine, le skieur d’Orsières peut légitimement prétendre au podium mondial et viser sa première victoire sur le Tour. En attendant, il va profiter de la fin de l’hiver pour skier avec ses potes et tourner quelques images avant d’entreprendre son projet de master cet été. En s’imaginant d’ores et déjà sauter l’éventuelle future Rausis Cliff sur le Bec des Rosses.

Par Johan Tachet