Xtreme de Verbier: dessiner sa ligne face au mythique Bec des Rosses

 

freeride L’Xtreme de Verbier, qui se dispute ce samedi sur le Bec des Rosses, se joue bien avant le jour J. Lors du repérage de la face notamment. Eclairage avec l’Orsérien Yann Rausis, blessé, mais qui a pour réputation d’être l’un des plus minutieux du Tour dans cet exercice.

On les voit au loin. On devine leur trace. Une trace qui déterminera en partie leur classement. Une trace qui a surtout été minutieusement étudiée avant le grand départ. Et qui est préparée à distance. Face au terrain de jeu. Face au majestueux Bec des Rosses, en ce qui concerne la finale du Freeride World Tour qui se disputera ce samedi à Verbier. C’est au col des Gentianes très précisément que les athlètes s’installent pour observer au mieux la face qu’ils avaleront skis ou snowboard aux pieds. «Vous pouvez passer un mois à analyser la face sous tous ses angles si vous le voulez. Le règlement ne dit pas que vous avez le droit de l’étudier durant un laps de temps donné», explique Yann Rausis. «Mais c’est clairement ce jeudi et ce vendredi que les riders qui disputent la finale jumellent de près le Bec des Rosses.»

Interdiction de se rendre dans la face

L’Orsérien a entamé son troisième Freeride World Tour en janvier. Victime d’une déchirure du ligament croisé antérieur du genou, il a dû mettre un terme prématuré à sa saison mi-février. Et ne sera pas au départ samedi. Yann Rausis reste néanmoins une référence lorsqu’il s’agit d’aborder le travail d’analyse d’une face. «Je ne sais pas si je suis le plus méticuleux dans cet exercice, mais il est vrai que je me retrouve souvent parmi les derniers à quitter le lieu de repérage», sourit-il.

«C’est peut-être mon perfectionnisme, mon envie d’aller vraiment jusqu’au bout des choses et de les réaliser correctement qui me pousse à réussir le repérage d’une ligne.» Si les riders se positionnent face à la montagne, c’est que le règlement est strict. «On n’a pas le droit de se rendre dans la face en guise de repérage avant la compétition.» Autre interdiction: celle de faire voler un drone au-dessus de la face pour prendre des images.

Des zones qui créent la ligne

Très concrètement, les jours de repérage, Yann Rausis sort sa paire de jumelles et se positionne assez loin de la face. Histoire de la voir dans son ensemble. «J’essaie de me mettre dans une zone où les juges seront placés. C’est de là qu’on dispose de la vue la plus optimale. Avant de tracer une ligne de haut en bas, je repère plusieurs zones qui m’intéressent et dans lesquelles je vois qu’il y a de la bonne neige, où j’imagine pouvoir réaliser des figures ou encore réussir un beau virage», confie-t-il. Ensuite seulement le Bas-Valaisan relie ces zones entre elles afin d’en créer une ligne qui soit la «plus fluide et la plus dynamique possible».

La capacité à se représenter la dimension des obstacles, la distance qui les sépare ou à juger la pente est très importante. 

Yann Rausis, rider valaisan

Juger la pente, la dimension et la distance

Un athlète a beau être familier avec une face. Ce n’est pas pour autant qu’il peut laisser de côté l’étape de repérage. «Le relief diffère toujours légèrement. Des barres de rochers que l’on avait l’habitude de faire peuvent ne plus passer parce qu’un caillou est venu se poser au décollage ou à l’atterrissage. Il faut donc toujours avoir un regard neuf.»

Yann Rausis insiste sur le fait qu’il n’y a pas de méthodologie à proprement parler. «C’est une histoire de feeling et d’expérience également. La capacité à se représenter la dimension des obstacles, la distance qui les sépare ou à juger la pente est très importante aussi.» Certaines vidéos et, mieux même, d’avoir déjà ridé la face, aide les athlètes dans l’approche. «On a aussi droit à des photos – surtout quand les conditions ne sont pas optimales au repérage – ainsi qu’aux comptes rendus des ouvreurs qui parcourent la face.»

Un nouvel éventail de données le jour J

Autrement écrit, lorsqu’ils s’élanceront du sommet du Bec des Rosses samedi matin, les athlètes ne partiront pas dans l’inconnu. Même si, tel que le précise encore Yann Rausis, il faut être capable de s’adapter. «Quand on monte la face le jour de la compétition, on a accès à tout un nouvel éventail de points de vue qui sont tout aussi importants que ceux qui ont été analysés les jours précédents. J’essaie donc de rester ouvert à un changement de plan même le jour J.»