Les freeriders au temps du conditionnel

27.10.2020, 05:30

Comment les riders valaisans voient-ils la saison du Freeride World Tour?

Réponse avec Besse, Renvall et Rausis

Par Gregory Cassaz

Sport d’hiver Comment les freeriders appréhendent-ils la prochaine saison de Freeride World Tour? Eclairage avec Maude Besse, Carl Renvall et Yann Rausis.

Au milieu des annulations, des restrictions et des incertitudes qui touchent le monde du sport, l’élite mondiale du freeride a découvert début octobre le calendrier de son hiver 2021: cinq étapes réparties sur trois continents, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie, entre janvier et fin mars.

«Je ne suis pas devin mais j’imagine que la saison va se dérouler en Europe uniquement», pronostique l’Orsérien Yann Rausis. «On essaie de ne pas trop se poser de questions, de se préparer au mieux, de faire comme si tout allait se dérouler. On aura une réponse définitive en novembre», confie de son côté le Verbiérain Carl Renvall. «Ce n’est pas comme si on n’avait pas l’habitude», sourit-il. «En freeride, on prépare parfois une étape avant qu’elle ne soit repoussée de jour en jour et parfois même annulée en raison des conditions. Mentalement, on est donc prêts à tous les scénarios.»

Je ne suis pas devin, mais j’imagine que la saison va se dérouler en Europe uniquement.

Yann Rausis, rider d’Orsières

Maude Besse est également dubitative sur les longs voyages prévus à l’agenda. «Je prépare l’hiver en essayant de trouver des plans si le coronavirus devait impacter la saison ou non. Là, pour l’instant, on n’en sait rien. On vit au jour le jour. Mais cela m’étonnerait fortement qu’on puisse se rendre au Canada et au Japon sans suivre une quarantaine au retour.» Les riders seront fixés dans un mois.

Le mental représente 50% de la performance.

Maude Besse, rideuse de Bruson

En attendant, c’est sur un terrain de foot que la meneuse de jeu du FC Bagnes féminin, qui occupe la tête de 3e ligue féminine, s’est entretenue en distillant ses passes. «Cela me permet de travailler ma condition dans une excellente ambiance au sein d’une équipe qui est pleine d’entrain. J’ai quand même fait attention aux contacts, surtout à l’approche de l’hiver», explique celle qui a subi une opération au genou il y a une année et demie.

Maude Besse aurait pu revenir sur le Tour la saison passée. Elle avait néanmoins préféré prendre son invitation offerte aux athlètes qui reviennent de blessures pour l’hiver 2021. «Physiquement, j’aurais déjà pu revenir l’hiver dernier. Mais mentalement, ça bloquait encore. Or le mental représente 50% de la performance. Mais cette fois ça y est, je me sens prête.»

Des jobs pour assurer un matelas financier

Yann Rausis et Carl Renvall ont eux opté pour le deux-roues. Avec l’autre freerider et descendeur VTT Théo Cheli, ils sont guides dans la société de guiding et coaching en VTT de descente, enduro, e-bike, hélibike pour tous les niveaux qu’ils ont créée. Une activité qui, si elle leur a permis de maintenir leur condition physique, les a également aidés à mettre quelques sous de côté. «En parallèle, j’avais aussi un travail d’ingénieur à 50%, et ai donné des cours de robotique à des jeunes. Cela me permet d’avoir un matelas de sécurité», explique Yann Rausis. «L’entreprise pour laquelle je travaille en tant que géomètre d’habitude en été a vu passablement de ses mandats bloqués. J’ai donc effectué deux ou trois autres jobs», confie Maude Besse, qui pourra ainsi aussi financer son hiver.  

De fidèles partenaires

A côté des revenus qu’ils s’assurent durant l’été et l’automne, les riders peuvent aussi compter sur l’aide de partenaires. Malgré la crise du coronavirus, les Valaisans assurent pouvoir toujours compter sur leur soutien. «Je ne les remercierai jamais assez. Cette année encore, malgré une situation délicate due à la crise, ces partenaires en or m’ont soutenue», apprécie la rideuse de Bruson Maude Besse.

Yann Rausis est lui en pleine discussion. Mais se veut confiant. «A priori, je vais pouvoir continuer avec les mêmes sponsors», explique celui qui reconnaît qu’en trouver de nouveaux serait plus complexe. «Je ne dis pas que c’est impossible, mais relativement compliqué.»

Carl Renvall aura lui aussi des soutiens. «Cela m’assurera le minimum nécessaire pour la saison si elle devait avoir lieu.» Le conditionnel. Encore et toujours. Un temps que le monde du sport commence à connaître.