par Stéphane Combe – Le skieur valaisan Yann Rausis part en quête de podiums sur le World Tour. Il sera en lice dans la nuit de vendredi à samedi au Japon.
Quatrième du classement général en 2017 puis cinquième en 2018, l’ingénieur physicien de 25 ans fait partie des attractions du circuit. Pour sa troisième saison à l’échelon mondial, il vise encore plus haut. Interview.
Portrait de Yann Rausis
Âge: 25 ans Discipline: Ski freeride Origine: Orsières (VS) Station: Verbier 3e saison sur le World Tour
Yann Rausis, votre dernier fait d’armes remonte à l’Xtreme 2018, où vous avez réussi un saut de barre fabuleux. Comment s’est ensuite passé votre été?
Il a été différent des autres années. D’habitude, j’allais skier en Nouvelle-Zélande pour peaufiner ma préparation. Là, j’ai dû finir mes études à l’EPFL. J’avais un projet de Master de six mois en entreprise que j’ai terminé en novembre. Puis je me suis blessé à la cheville en allant courir un matin. Cette blessure a correspondu au moment où j’ai relâché la pression.
Cela signifie-t-il que vous n’êtes pas encore à 100% ?
Avec le recul, je ne dirais pas que ce coup d’arrêt m’a freiné ou m’a fait régresser. Au contraire, ça m’a laissé du temps pour y voir plus clair. Quand je suis remonté sur les skis en décembre, j’ai tout de suite eu de super sensations.
Vous êtes l’un des riders les plus constants malgré la concurrence en ski masculin. L’objectif, c’est d’abord de se qualifier pour l’Xtreme de Verbier, la grande finale?
Ça, c’est la base. La suite logique, c’est essayer de viser un podium au général au vu de ce que j’ai fait les deux premières années sur le World Tour. Et si j’y arrivais, ce serait génial. Je pourrais dire que j’ai vraiment réussi ma saison.
Vous définiriez-vous comme un compétiteur-né? On l’a impression que vous vous transformez une fois sur la face.
Il y a peu de contextes dans la vie qui te permettent vraiment de te lâcher à fond, de montrer ce que tu as dans les tripes. Et pour moi, la compétition de ski est l’endroit idéal où le faire, pour aller chercher l’énergie et le feu en moi.
Parce que c’est votre principal talent?
En tout cas, c’est un de mes moyens préférés pour m’exprimer. Et j’ai besoin de la compétition pour montrer qui je suis sur les skis. C’est un contexte qui me permet de le faire encore mieux et de me surpasser. C’est pour ça que j’aime la compétition. Non seulement je l’aime, mais j’en ai besoin. Elle est essentielle dans ma construction personnelle.
Puisez-vous des inspirations dans le freeride? Ou ailleurs?
Il y en a plein, de tous les milieux. Autant des freeriders que des professeurs, des écrivains, des artistes… Les conditions mentales qui permettent d’arriver à la réussite en sport se puisent dans beaucoup de domaines différents. Un freerider qui m’inspire beaucoup, c’est Drew Tabke. J’adore son style, sa personnalité, sa manière de skier. S’il y a un style auquel je peux m’identifier et vers lequel essayer de tendre, c’est le sien.
Avec Elisabeth Gerritzen et la rookie Maude Besse, vous serez trois Romands en lice à travers la planète. Un atout?
On est là pour se tenir les coudes surtout. C’est toujours un petit cocon où l’on peut se retrouver et faire des «blagues de Romands». Surtout quand on est au Japon. Et puis on s’entend particulièrement bien. Ce qui simplifie encore ce tour du monde.
Un mot sur Hakuba, le premier stop. En quoi est-ce un lieu inspirant?
C’est un endroit hyper excitant. Le relief est un mélange entre l’Europe et l’Alaska, avec des formes de montagnes qui n’existent qu’au Japon. Le cumul de neige est hors du commun. Il y a aussi un côté un peu frustrant quand on arrive: les zones hors-piste sont très contrôlées et souvent prohibées. Mais la culture est très raffinée et s’il y a un jour de beau, on pourrait bien assister à la plus belle compétition jamais organisée.